La spoliation des biens culturels : quelle juste place dans l’histoire et la mémoire de la Shoah ?
La spoliation des œuvres d’art s’inscrit dans l’ensemble des crimes commis par les nazis et leurs complices dans toute l’Europe. Elle fait partie du processus de destruction et de disparition ; elle ne peut être séparée de l’ensemble du projet nazi et de l’histoire de la Shoah. S’emparer des œuvres d’art et des livres des juifs, c’est œuvrer d’une autre façon à leur anéantissement. Dès lors, quelle place accorder à la spoliation spécifique des biens culturels quand tant d’hommes et de femmes furent assassinés, quand tant de biens du quotidien furent dérobés ou détruits ? Pourquoi s’intéresse-t-on tant aux œuvres d’art ? Attirent-elles trop la lumière ? Que disentelles, tant à l’histoire de l’art qu’à l’histoire et à l’enseignement de la Shoah ? Quelle mémoire portent donc les tableaux et les livres disparus ?
Intervenants
Annette Wieviorka (CNRS), Didier Schulmann (Musée national d’art moderne – Centre Pompidou/bibliothèque Kandinsky)
A propos du séminaire
Après un premier cycle de séminaires « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945)» en 2019-2020, consacrés à la recherche de provenance dans différents pays, musées ou collections, le séminaire poursuit l’étude de quelques cas particuliers, aborde de nouveaux pays et s’intéresse à la situation de certaines galeries. Pour cette deuxième année, le séminaire élargit la réflexion au contexte, à la signification et aux conséquences des recherches de provenance et des restitutions d’oeuvres d’art. Si la nécessité de la recherche et des restitutions des biens spoliés pendant la période nazie s’est désormais, et heureusement, imposée, cette quête suscite encore critiques et interrogations. Les questions sont nombreuses: pourquoi recherche-t-on les oeuvres d’art ? Pourquoi s’intéresse-t-on aux oeuvres d’art plus qu’à d’autres biens spoliés ? Quelles sont les conséquences d’une restitution pour les descendants de personnes spoliées ? Qu’est-ce que restituer veut dire, pour les descendants des spoliés, qui se retrouvent aux prises avec une mémoire parfois difficile à affronter, ou pour les musées, qui voient partir une oeuvre jusque-là exposée au public ? Le séminaire s’intéressera également aux artistes et écrivains inspirés aujourd’hui par les thèmes de la spoliation, de la disparition et de la recherche des traces. Au côté des chercheurs de provenance, des historiens de l’art et des juristes, ces créateurs font vivre le souvenir des hommes et des femmes qui furent spoliés ; ils retracent et font revivre autrement le parcours des biens et de leurs anciens propriétaires dépossédés. En partenariat avec l’Institut national du patrimoine (INP)
Comité scientifique
Danièle Cohn (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Christian Hottin (INP), France Nerlich (INHA), Inès Rotermund-Reynard (INHA), Juliette Trey (INHA), David Zivie (M2RS)
Programme de recherche
« Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation, 1940-1945», cheffe de projet : Inès Rotermund-Reynard (domaine Histoire des collections, histoire des institutions artistiques et culturelles, économie de l’art)
Informations pratiques
Les conférences auront lieu de 18h30 à 20h
Entrée libre
Auditorium de la galerie Colbert - 2 rue Vivienne - 75002 Paris
Pour plus d'information, contacter Emilie Maume, chargée des manifestations culturelles et scientifiques : manifestations.scientifiques@inp.fr
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