Gaza, archéologie et patrimoine : enjeux humanitaires et citoyens
Mener un programme humanitaire et citoyen en lien avec l’archéologie et le patrimoine dans la Bande de Gaza paraît une folie, une utopie. Vue avec un regard extérieur, sûrement, si l’on s’en tient à l’environnement géopolitique local et aux faits relatés par les médias.
Cependant, à partir de 2017, l’ONG Première urgence internationale met en place le programme Intiqal sur les sites archéologiques de l’église byzantine à Jabalyah et du monastère de Saint Hilarion à Tell Umm el-‘Amr. Cette initiative implique les universités et les acteurs de la société civile locale. Elle offre aux jeunes la possibilité d’être une force positive qui s’appuie sur la protection du patrimoine culturel et le développement socio-économique de leur communauté. Aujourd’hui, une quarantaine de jeunes - filles et garçons - encadrés par des formateurs et scientifiques de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem œuvrent tous les jours à pérenniser le patrimoine commun.
Conférence de René Elter, archéologue, animée par Ariane Thomas, directrice de département des antiquités orientales du Louvre
René Elter est archéologue et chercheur associé à l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem (2001), à l’Université de Lorraine (2007) et à l’Institut français du Proche Orient (2011). Il dirige depuis 2001 la mission archéologique de Tell Umm el-‘Amr (Bande de Gaza) et plus particulièrement les travaux scientifiques et de restauration du monastère de Saint Hilarion. Dans le cadre du programme Intiqal 2030, développé par l’ONG Première Urgence Internationale, il suit aujourd’hui les projets de formations aux métiers du patrimoine, d’études scientifiques, de préservation et de mise en valeur des vestiges archéologiques de la Bande Gaza.
Ariane Thomas est directrice du département des Antiquités orientales du musée du Louvre. Ariane Thomas est conservateur du patrimoine et docteur en histoire de l’art et archéologie, diplômée de La Sorbonne, de l’Ecole du Louvre et de l’Institut national du patrimoine. Elle a été conseillère pour les musées de la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France et était en charge, depuis 2011, des collections mésopotamiennes au musée du Louvre. Après avoir assuré le commissariat de l’exposition « L’histoire commence en Mésopotamie » en 2016 au Louvre-Lens, elle fut l’une des commissaires de l’exposition « Musiques ! Echos de l’Antiquité » présentée en 2017 au Louvre-Lens, puis en 2018 à la Fondation La Caixa à Madrid et à Barcelone. Elle a également piloté la conception d’une visite virtuelle du site assyrien de Khorsabad. Soucieuse de partager son savoir, elle a publié de nombreux articles dont certains à destination du grand public.
Ariane Thomas a par ailleurs participé à des fouilles archéologiques en Irak, en Arabie saoudite et en Ouzbékistan. Elle est membre de l’équipe Digitorient du Collège de France (CNRS, UMR 7192), et s’est particulièrement investie auprès des équipes du musée de Mossoul en vue de la réhabilitation du musée, gravement endommagé lors de l’occupation de la ville par l’État islamique, dans le cadre d’un programme international soutenu par l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH).
Elle enseigne depuis de nombreuses années à l’Ecole du Louvre, à l’Institut national du patrimoine et dans plusieurs universités en France et à l’étranger.
A propos du cycle
Programme conçu par Anne Lehoërff, professeur des universités sur la chaire Inex "Archéologie et Patrimoine", CY Cergy Paris Université
L’archéologie est une science plurielle qui s’est progressivement construite depuis environ deux siècles. Les cabinets de curiosité et les collections privées de la Renaissance puis des Lumières se nourrissent d’objets pour leur caractère esthétique ou insolite. Au XIXe siècle, les découvertes et l’élaboration de méthodes de fouille, le croisement avec d’autres disciplines – histoire, art, anthropologie, biologie ou géologie – construisent peu à peu les contours de ce qui devient une science, qui se développe au XXe siècle avec la création de cadres juridiques et alimente les collections des musées. Après 1945, le patrimoine archéologique est au centre de nouveaux enjeux. Les grands travaux d’aménagement et la mécanisation menacent les vestiges enfouis ainsi mis au jour. Un demi-siècle plus tard, grâce à une prise de conscience internationale, l’archéologie préventive, qui précède l’aménagement du territoire et permet de sauvegarder le patrimoine par l’étude, voit enfin le jour. Les sciences de laboratoire et les nouvelles technologies se perfectionnent : datation, études de la faune, des restes humains, des macro et micro-restes végétaux, études sur les matériaux, et même paléogénétique au XXIe siècle.
Aujourd’hui, les missions et les fouilles touchent tous les continents et toutes les périodes historiques. L’archéologie investit aussi bien les campagnes, les fonds marins, les parkings ou les quartiers populaires des villes. C’est bien l’homme et ses interactions avec les milieux qu’il habite qui sont au cœur des recherches. L’archéologie, à travers les vestiges du passé qu’elle révèle, rétablit le lien entre des populations et leur histoire, entre le monde contemporain et le passé enfoui. Au-delà du seul cadre scientifique, les enjeux d’identité, de mémoire, de droit, auxquels l’archéologie se confronte sont bien actuels et animent toujours le cœur des cités.
Pour mettre en lumière ces enjeux, la place qu’occupe l’archéologie dans la vie d’une cité, CY Cergy Paris Université a souhaité la création du cycle de conférences "Archéologie dans la cité". Organisé en partenariat avec l’Institut National du Patrimoine (INP) et le musée de l'Homme notamment, il donne la parole aux savants et spécialistes de la discipline en France et ailleurs, en sous l’angle spécifique du lien entre le citoyen et l’archéologie
Informations pratiques
La conférence aura lieu dans l’auditorium Jacqueline Lichtenstein, 2 rue Vivienne, 75002 Paris.
Entrée libre sur inscription – Inscrivez-vous
Les inscriptions sont ouvertes 1 mois avant le début de chaque manifestation.
Pour plus d'informations, contacter : manifestations.scientifiques@inp.fr