En adoptant le nom de Sarah Bernhardt, la nouvelle promotion des conservateurs du patrimoine rend hommage à une artiste qui toute sa vie a servi les grands textes et les a mis à la portée de tous.
Femme chétive, à la beauté étrange, Sarah Bernhardt a fait de sa vie un combat libre, entêté et enthousiaste, qui la consacre comme la plus célèbre actrice de tous les temps. Adulée par les intellectuels et artistes de son époque comme Victor Hugo, Edmond Rostand ou Marcel Proust, son talent et son image rayonnent et fascinent toujours, notamment grâce aux portraits de Félix Nadar et aux affiches d’Alphonse Mucha, et en font une véritable égérie des arts et de la culture à travers le monde.
Acharnée au travail, Sarah Bernhardt a marqué l’histoire du théâtre par son jeu, sa gestuelle, sa voix, ses nombreux rôles travestis, mais aussi par une vision totale de son art, qui l’a menée à la mise en scène et à diriger un théâtre.
Toujours inassouvie, elle collectionne les œuvres et objets d’art et s’initie avec succès à la peinture et à la sculpture, notamment auprès de son ami le peintre Georges Clairin. Elle écrit des pièces et ses mémoires, et orchestre sa propre vie avec un faste et une extravagance légendaires. Comment ne pas avoir à l’esprit la photographie de l’actrice se reposant dans un cercueil ou sa passion immodérée pour les crocodiles, panthères et autres animaux exotiques ?
En Sarah Bernhardt, nous saluons aussi une figure de la modernité, l’aventurière et l’infatigable voyageuse : ses tournées triomphales et sa curiosité l’ont amenée à parcourir le monde, entourée de ses nombreux amis et collaborateurs, traversant les océans et les continents. Elle fut aussi une amoureuse du progrès, partant à la rencontre de Thomas Edison en Amérique en 1880 où elle réalise l’un des premiers enregistrements sur le tout nouveau phonographe. Vingt ans plus tard, elle tourne pour le cinéma.
Artiste dans son temps, Sarah Bernhardt a enfin affronté avec courage et générosité les drames de son époque. Pendant la guerre de 1870, elle organise et finance une infirmerie à l’Odéon. Elle s’engage aux côtés d’Émile Zola lors de l’affaire Dreyfus, ce qui lui valut une faillite et une brouille avec son fils unique. À Belle-Île, son « paradis », où elle réaménage un fortin abandonné, la « Dame de Penhoët » crée une boulangerie coopérative pour les familles de pêcheurs en difficulté, financée par les recettes de spectacles donnés à Paris. Septuagénaire et à peine amputée, elle joue encore sur une seule jambe pendant la Grande Guerre devant un public de Poilus.
« Quand même ! », notre promotion est fière de se placer sous la protection d’une femme avec autant de suite dans les idées, de courage et de talents, ambassadrice des arts et de la culture française, et de celle qui fut aussi la seule femme à toucher le cœur de Lucky Luke !
Les élèves de la promotion Sarah Bernhardt
Promotion 2018-2019 des élèves conservateurs du patrimoine