Juliette Robin Dupire, doctorante par le projet de l'EUR Humanités, Création et Patrimoine, rattachée à CY Cergy Paris Université, mention Patrimoine / Conservation-restauration, a conduit sa thèse sous la direction de François Pernot, professeur des universités, HDR, CY Cergy Paris Université et Yannick Mélinge, professeur des universités, HDR, CY Cergy Paris Université, Laboratoire de recherche des monuments historiques (détachement) et encadrée par Anne-Solenn Le Hô, ingénieure de recherche, Centre de recherche et de restauration des musées de France / Chimie ParisTech, Research University, CNRS, IRCP
Elle soutiendra sa thèse le mardi 19 décembre à 9 heures à l’Institut national du patrimoine, en salle Braudel David Néel.
Résumé
Étude des matériaux de comblement des lacunes en conservation-restauration d’artefacts muséaux en plâtre. Statuaire de la gypsothèque et collection des cadres du XIXe siècle du musée du Louvre.
En conservation-restauration, les comblements des artefacts en plâtre sont fréquemment réalisés en raison de la fragilité de ce matériau. Afin de pallier les altérations produisant des instabilités structurelles et/ou visuelles et esthétiques, des matériaux non originaux sont appliqués : réalisés in situ par modelage de matière fraîche, ou par fixation d’une pièce mise en œuvre à part. En fonction des critères déontologiques et techniques, divers matériaux peuvent être utilisés. Afin de mieux les connaître, une étude a été menée en développant une méthodologie pluri-disciplinaire allant des techniques analytiques aux différents champs de la conservation-restauration. Dans un premier temps, un corpus d’artefacts a été étudié, constitué de deux collections du musée du Louvre : la statuaire moulée de la gypsothèque et les cadres du XIXe siècle, en associant observations des comblements et étude documentaire. Différents usages ont été constatés, comme celui de matériaux identiques aux originaux ainsi que celui visant une différenciation par l’ajout d’additifs. À partir de ces données, des formulations de plâtre, aux rapports massiques eau/plâtre échelonnés, additionnées de carbonate de calcium et de dioxyde de titane ont été sélectionnées pour caractérisation. Dans un deuxième temps, les aspects micro-structurels ont été examinés par observations aux microscopes optique et électronique à balayage (MEB). Les éléments ont été identifiés par analyse en spectroscopie à dispersion d’énergie (MEB-EDS). La caractérisation des aspects rhéologiques à l’état frais a été traitée dans un troisième temps afin de calibrer et classer les textures. Des correspondances entre les consistances ont été établies, offrant des gammes d’usages pâteux à fluides, adaptées aux méthodes par modelage ou par coulée. Une quatrième phase a permis la caractérisation des propriétés mécaniques à l’état solide, en mesurant les résistances à la compression et à la flexion 4 points, et en calculant les modules d’élasticité. Enfin, un protocole de suivi a évalué la stabilité de trois artefacts, restaurés entre 2015 et 2017, par des relevés et des corrélations d’images 3D haute définition. Un des artefacts a également été équipé de capteurs de déplacement afin de compléter le suivi. L’étude et la caractérisation des formulations de comblement, en liant les aspects physico-chimiques et structurels, à différentes échelles et selon les états frais ou pris, peuvent alors assister les choix des spécialistes de la conservation-restauration en fonction des conditions d’intervention. Le protocole est ajustable pour étudier d’autres formulations ou d’autres matériaux, typologies ou spécialités du patrimoine.
Membres du jury
Aurelia Badde,
conservatrice-restauratrice de sculpture (Berlin)
Ann Bourgès (rapportrice),
ingénieure de recherche, HDR, Centre de recherche et de restauration des musées de France
Catherine Chevillot,
conservatrice générale du patrimoine, docteure en Histoire, Cité de l’architecture et du patrimoine
Christophe Lanos (rapporteur),
professeur des universités, HDR, Université de Rennes – IUT de Rennes
Delphine Morana Burlot,
maîtresse de conférences, HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Cette thèse de doctorat a été réalisée avec le soutien financier de la Fondation des Sciences du Patrimoine.