Pauline Hélou-de la Grandière, restauratrice du patrimoine, doctorante par le projet de l'EUR Humanités, Création et Patrimoine, rattachée à CY Cergy Paris Université, mention Patrimoine / Conservation-restauration des biens culturels, a conduit sa thèse sous la direction de Thierry Sarmant.
Elle soutiendra sa thèse le vendredi 12 décembre après-midi à partir de 14h à l’Institut national du patrimoine, en salle Champollion Buffon.
Résumé
Cette thèse s’appuie sur un corpus de soixante-quatre peintures de Pierre Soulages (1919-2022). Elle a été initiée afin de comprendre et traiter les clivages, ramollissements et suintements, ainsi que les blanchiments de la surface qui affectent certaines œuvres de 1958 à 1960. Le corpus intègre les peintures dégradées et celles réputées en bon état. Il est étudié sous plusieurs angles : technique picturale, trajectoires historiques, composition chimique, description détaillée des dégradations et traitement de conservation-restauration.
L’étude de la technique, nourrie par les entretiens avec l’artiste et l’étude de son fonds d’atelier, permet de comprendre le contexte de création et ses choix matériels. Ces connaissances éclairent l’examen des œuvres, pour lequel l’établissement d’un glossaire des altérations a été établi. Une base de données, intégrant des informations techniques et les dégradations a été conçue. Elle permet de confronter les archives de la galerie, qui révèlent que les expositions précoces et fréquentes, qui ont généré des transports maritimes transatlantiques, ont contribué à endommager les œuvres, et ont conduit dans certains cas à des restaurations prématurées, invisibles à l’examen visuel. Ces interventions sont systématiquement associées aux œuvres les plus problématiques. En s’appuyant sur ces connaissances, la thèse réalise une interprétation des analyses chimiques menée sur vingt-deux œuvres du corpus, qui portaient à la fois sur les préparations commerciales et les matières picturales. Une datation au Carbone 14 a constitué une première référence pour ce type d’étude, et confirmé la provenance des matériaux utilisés, et renforçant les observations analytiques.
Les œuvres ont fait l’objet d’étude en imagerie non destructive, sous luminescence UV, qui révèle différents états de la matière, et par scanner 3D qui étudie les reliefs. Pour caractériser l’apparence visuelle, un glossmètre (scanner de brillant) a été conçu et mis au point, afin de qualifier le brillant intentionnel et les dégradations en surface, fournissant données inédites sur l’aspect de matité et brillant des œuvres non vernies.
Les interventions de conservation-restauration sont abordées et présentent les contraintes posées par les couches picturales sensibles aux solvants, fragiles en couches internes et poisseuses en surface. Les voies d’adaptation des techniques de consolidation sont présentées. La thèse donne l’occasion de considérer la restauration au-delà d’une simple remise en état.
Membres du jury
- Natalie ADAMSON, Professeure des Universités, University of St Andrews,
- Delphine MORANA-BURLOT, Maîtresse de conférences, Université Paris-I Panthéon-Sorbonne, rapporteure,
- Thierry SARMANT, Conservateur général du Patrimoine, Archives Nationales, directeur de la thèse,
- Lionel SIMONOT, Maître de conférences, Université Claude Bernard Lyon 1, Institut Lumière Matière, co-encadrant de la thèse,
- Mathieu THOURY, Ingénieur de recherche CNRS, Directeur de IPANEMA, co-encadrant de la thèse
- Hélène TRESPEUCH, Professeure des Universités, Université de Bordeaux-Montaigne, rapporteure,
- Laurence de VIGUERIE, Directrice de recherche CNRS, Sorbonne Université, LAMS. Membre invité.