Conférence de Céline Bonnot-Diconne, conservatrice-restauratrice de cuir, maître d’Art.
Les décors en cuir doré apparurent à Cordoue à la fin du premier millénaire après J.-C., peu après la conquête arabe. Si les cuirs dorés périclitèrent presque totalement en Espagne au XVIIe siècle, ils ne disparurent pas pour autant d’Europe, car des ateliers s’étaient installés dès le XVIe siècle dans la plupart des autres pays européens : notamment en Italie, dans les Flandres, en Angleterre et en France. Les cuirs dorés furent surtout employés pour confectionner des tentures murales mais on en fit également des portières, des tapis de sol, des rideaux, des boucliers, des paravents, des sièges et des coussins. Dans le domaine religieux ils servirent à faire des devants d’autel, des vêtements et du mobilier liturgiques. Peu de ces décors sont aujourd’hui conservés. Les cuirs dorés ont pourtant occupé une place prépondérante, surtout du XVIe au XVIIIe siècle, dans l’ornementation intérieure de la plupart des grandes demeures de toute l’Europe, conférant aux pièces dont ils décoraient les murs une atmosphère particulière faite de luxe et d’élégance. Avec le temps les tentures murales de cuir doré sont passées de mode, la plupart ont été déposées et beaucoup ont été perdues ; seul un petit nombre ou quelques fragments nous sont parvenus. La conservation des derniers exemplaires existants est donc essentielle. Elle pose toutefois des problèmes spécifiques, liés au support qu’est le cuir mais aussi à la présence d’une stratigraphie complexe incluant une feuille d’argent, un vernis jaune et une couche picturale. Au cours de la présentation il sera d’abord fait un bref rappel de ce que fut l’histoire de cet art décoratif, actuellement presqu’oublié, puis seront abordés les techniques et les choix de restauration à partir d’un exemple français bien identifié du premier quart du XVIIIe siècle, conservé dans un château du sud de la France, et fabriqué par le plus fameux atelier provençal connu, celui de la famille Boissier à Avignon. Un restaurateur, une oeuvre Le cycle de conférences met en lumière les savoir-faire des restaurateurs et les nombreuses connaissances auxquelles leur métier fait appel. Confrontés à de nouveaux enjeux patrimoniaux, les restaurateurs développent des compétences spécifiques pour pouvoir y répondre. A la fois chercheur, scientifique, enquêteur et même ingénieur, le restaurateur du patrimoine ne se contente pas de restaurer. Il participe à la recherche sur les œuvres aux côtés des scientifiques et des conservateurs et permet de reconstituer l’histoire d’un objet grâce aux recherches qu’ils réalisent et aux hypothèses qu’il émet. Il enrichit les connaissances sur les matériaux et élabore des stratégies et des protocoles pour assurer la conservation et la restauration des patrimoines, dans toutes leurs diversités. Pour illustrer ces thématiques, un restaurateur du patrimoine présentera au public, une fois par mois, un projet particulièrement marquant qu’il aura mené.
Comité scientifique
Amélie Méthivier, adjointe au directeur des études du département des restaurateurs, Institut national du patrimoine
Organisation
Emilie Maume, responsable de la programmation et des publications scientifiques, département des conservateurs, Institut national du patrimoine Informations pratiques La conférence aura lieu en ligne, sur Zoom, à 18h15. Pour plus d’informations, contacter le service de la programmation et des publications scientifiques : @email