n°20, «Patrimoine sacré, patrimoine vivant / A qui appartient le patrimoine ?»

PATRIMOINES SACRÉS, PATRIMOINES VIVANTS

Œuvres religieuses, monuments historiques, restes humains, objets hybrides ou sites naturels préservés et exposés au public, le patrimoine sacré porte des enjeux sensibles, intimes et politiques forts. Dans différentes aires culturelles, les objets sacrés protégés et parfois exposés sont entourés de précautions particulières qui doivent permettre tout à la fois leur préservation et la transmission de la mémoire des usages rituels auxquels ils étaient associés. Ce patrimoine singulier dont la valeur dépasse les aspects matériels et esthétiques suscite des questionnements lorsqu’il est issu de cultures autres et incite les professionnels à le traiter avec précaution et respect.
Conservateurs, restaurateurs, chercheurs s’interrogent sur la manière d’en restituer le sens et d’éclairer les croyances auxquelles ils sont associés au sein des institutions, tout en valorisant leur dimension patrimoniale. L’interpénétration des différents systèmes de valeurs sont au cœur des réflexions que nous proposons. Dans ce dossier, nous donnons ainsi la parole aux institutions patrimoniales et aux professionnels qui font entrer en résonance les valeurs d’usage, esthétique, artistique, historique, symbolique des objets sacrés afin d’en faire comprendre l’histoire aux publics auxquels ils sont présentés. 

À QUI APPARTIENT LE PATRIMOINE ?

Propriété de l’État, de collectivités ou d’acteurs privés, le patrimoine est soumis à une diversité de droits qui encadrent sa préservation, sa gestion et son accessibilité. Mais au-delà de ce droit de propriété, le patrimoine est aussi et surtout un bien commun, conservé au bénéfice du collectif et porteur d’enjeux politiques, sociaux et identitaires.
Au partage de responsabilités entre les différents acteurs de la préservation du patrimoine, s’est ajouté ces dernières années le désir de participation des citoyens dans la préservation et la valorisation de ce patrimoine, qu’il s’agisse de monuments, d’œuvres d’art, de patrimoine immatériel ou naturel. Ce mouvement, porté par des enjeux identitaires ou politiques, conduit parfois à des remises en question du rôle des institutions et traduit le désir d’une plus grande transparence sur l’histoire des collections. La question « À qui appartient le patrimoine ? » permet d’analyser sous différents prismes ce partage de responsabilités, le cadre juridique et les évolutions récentes dans les pratiques des professionnels.

À son habitude, Patrimoines s’achève sur une sélection d’articles rédigés par des anciens élèves conservateurs et restaurateurs de l’INP, ainsi que des doctorants par le projet en « Études patrimoniales » et « Conservation-restauration des biens culturels ».